Le 26 septembre dernier, juste après l’IAAPA, nous avons eu la chance et le plaisir d’être invité à PortAventura World & Ferrari Land par le constructeur Intamin. Nous avons été guidés dans les entrailles de Uncharted : L’Énigme de la Pénitence, dans la maintenance de Furius Baco et dans la gare du spectaculaire Red Force. On vous emmène avec nous.
C’est sous un superbe soleil catalan que nous avons pris le chemin de PortAventura pour nous plonger dans l’obscurité de la dernière attraction du parc. Inaugurée en juin 2023, l’attraction reprend la licence du célèbre jeu vidéo, sans toutefois s’inspirer des scenarii des 5 opus ou du film avec Tom Holland et Sophia Ali.
Uncharted : Un coaster aux multiples dimensions
La spécificité de cette montagne russe c’est d’être multidimensionnel, “multi dimension Coaster” est le terme utilisé par Intamin pour décrire ce système. Cela signifie que le parcours va être ponctué de changements de direction, non seulement via le rail, mais également par les mouvements du wagon sur son support.
Dans les petits locaux techniques jouxtant l’attraction, nous avons découvert les plans de maintenance électrique. Un des locaux sert à toute l’alimentation et la gestion des commandes du ride, le second est plutôt dédié à la gestion des forces électromagnétiques des propulseurs LSM (Linear Synchronous Motors).
Nous suivons nos guides sur la petite gare extérieure située à l’arrière du bâtiment où nous attend un wagon placé ici pour les contrôles de sécurité et la maintenance. Chaque wagon de l’attraction pèse environ 4,5 tonnes à vide et le plateau de l’assise repose sur sa plateforme tournante, juste au-dessus de ses énormes bogies.
On peut notamment voir sous le train, les super-capaciteurs qui ont pour fonction d’agir plus ou moins comme des batteries. Ce sont eux qui vont alimenter les mouvements et les rotations de la plateforme. Ils vont se charger extrêmement rapidement en gare, pour se décharger tout aussi vite au gré des déplacements le long des 700 mètres du tracé.
Nous pénétrons ensuite dans le bâtiment impressionnant où se situe l’attraction. Nous sommes immédiatement stupéfaits par les espaces de circulation énormes, qui permettent aux employés et aux techniciens d’intervenir partout sur le parcours. On nous explique toutefois que ce n’est pas tant par confort que par nécessité car l’attraction est à la fois gourmande en énergie, mais aussi en termes de capteur, et ses nombreuses zones de frein et de propulsion imposent des espaces techniques et sécuritaires.
Sur plusieurs zones se trouvent les lames de frein (grandes plaques cuivrées) qui peuvent se rétracter au passage du train, les propulseurs magnétiques dits “launch LSM” (les grandes plaques blanches) et les petits boîtiers blancs qui sont quant à eux les capteurs de positions et de vitesse du wagon.
La table de transfert est elle aussi spectaculaire. Lorsqu’on connaît les mouvements du train à cet emplacement, on sait que la table bouge de façon synchronisée avec le wagon alors que les passagers suivent ce qu’il se passe sur l’écran en face d’eux.
Le technicien nous a expliqué le fonctionnement des capteurs qui entre autres choses, assurent la sécurité en confirmant la présence des wagons sur certaines parties du parcours, empêchant les suivants d’y accéder. Le train que nous avons vu dans la gare de maintenance a ensuite été lancé sur les rails. Nous avons dans la foulée, assisté à une démonstration de dépannage en gare avec ouverture manuelle des systèmes de sécurité des passagers (malheureusement trop d’obscurité pour prendre des photos convenables) et nous avons eu la chance de faire un tour de l’attraction lumières allumées afin de revoir le hangar à bord des trains.
Outre la satisfaction d’avoir ridé cette excellente machine, nous avons hâte de voir le prochain modèle car cela a été annoncé récemment, c’est un multidimension coaster Intamin qui va être monté dans la zone Londinium en 2028 au parc Astérix !
Un câble et des tonneaux : voici Furius Baco
Depuis 2007, la folle machine du savant fou nous propulse à la vitesse démentielle de 135 km/h en 3,5 secondes… Mais comment cela est-il possible ?
Là encore, nous avons la chance de pouvoir nous présenter à la porte du local technique et découvrir la machinerie nécessaire à la traction de l’immense câble. Le bruit et la vitesse de rotation sont impressionants. Des bonbonnes mettent sous pression l’huile, avant de l’envoyer dans des moteurs hydrauliques qui vont à leur tour entraîner la rotation de la bobine qui va enrouler le câble. Et le technicien nous apprend que la propulsion, selon la fréquentation du parc, se fait entre 200 et 700 fois par jour ! Cela nécessite également un remplacement de câble, environ tous les 25 000 cycles.
Cette traction permet d’envoyer le train sur les 850 mètres du parcours avec une force d’accélération allant jusqu’à 4,7 g.
Il s’agit du premier modèle de wing coaster à propulsion hydraulique de la firme, et en cela, elle souffre de nombreux problèmes techniques. Toutefois, la maintenance est à pied d’œuvre pour assurer son fonctionnement optimum.
Nous suivons nos guides vers la gare où l’on découvre que les trains sont parfois entièrement démontés sur place, les équipes étant parfaitement formées à la maintenance et Intamin est également présent pour travailler avec eux.
Furius Baco est une attraction résolument unique mais qui oblige à énormément d’entretien et il y a de fortes probabilités qu’aucune autre attraction de ce type n’existe à nouveau.
Arrêt au stand pour Red Force
Après un déjeuner et une petite conférence sur la conception de Uncharted : El Enigma de Penitence, la dernière étape de notre visite fut la découverte de Red Force et ses 121 mètres de haut, à Ferrari Land.
L’attraction n’ouvrant qu’en fin de journée, on nous a proposé d’assister à un test de lancement de avec un rollback ! Ce test, effectué quotidiennement permet à la fois de chauffer les propulseurs, mais également de vérifier si les mesures de secours et freins d’urgences fonctionnent correctement.
Dans le local technique près de l’attraction, on apprend que là aussi, il s’agit de condensateurs qui stockent l’énergie, mais bien plus massivement que pour Uncharted. Une alimentation en continu ne serait pas suffisamment puissante pour envoyer les trains sur les launchs, alors l’énergie est stockée en gare pour propulser les visiteurs jusqu’à 180 km/h.
La propulsion est bien plus longue que sur Furius Baco mais la technologie LSM est nettement moins contraignante. Les 180 km/h sont atteints en 5 secondes, mais c’est un choix judicieux car trop court et trop puissant, le ride perdrait en intéret.
La marque de fabrique du constructeur est bien présente partout, et c’est dans cette gare que notre visite s’est terminée. Nous avons pu profiter ensuite des attractions le restant de cette belle journée.
Nous souhaitons encore une fois remercier vivement les équipes de PortAventura World qui ont eu la gentillesse de nous accueillir, et bien évidemment Intamin (et merci pour tout, Luc !) pour cette formidable opportunité d’avoir accès à la face cachée des attractions et cette immersion dans la conception et la maintenance de ces fantastiques roller-coasters !
