Pourquoi la fin des Fastpass à Disneyland Paris n’est pas une si mauvaise nouvelle ?

En Juillet 2021, Disneyland Paris a annoncé la fin de l’un de ses services les plus populaires, le Fastpass. Il s’agissait de son célèbre coupe-file accessible pour tous les visiteurs de façon gratuite. Intéressons-nous au concept du Fastpass, son histoire, ses avantages et inconvénients ainsi qu’à son avenir dans les parcs Disney.

En quoi consistait le Fastpass ?

Le Fastpass était un service gratuit, permettant d’obtenir des tickets pour certaines des attractions les plus populaires du parc. Ce ticket était muni d’un horaire, correspondant à une heure de passage dans l’attraction.

Une fois cet horaire arrivé, il suffisait de se présenter à l’attraction en question, de confier le ticket à un employé (Cast member), pour accéder dans une file d’attente dédiée. Cela permettait de faire l’attraction en quelques minutes d’attente seulement, sans passer par la file d’attente classique (standby entrance).

Pour obtenir ce ticket, des bornes étaient mises à disposition des visiteurs à proximité des attractions concernées. Il suffisait de scanner son billet d’entrée pour obtenir ce célèbre sésame (en quantité limitée). Vous l’aurez compris, le Fastpass permettait aux visiteurs d’attendre moins, en étant prioritaire par rapport à ceux qui n’en possédaient pas. Ainsi, sur le papier, ce service présente du positif en tous points, mais nous verrons plus tard qu’il peut être source de problème quand il remet en cause le bon fonctionnement de la file d’attente normale. Mais d’abord, venons en à son histoire et à l’origine de sa création.

Un service en place depuis la fin des années 90 !

Remontons plus de vingt ans en arrière. À l’époque, les parcs Disney attiraient déjà une foule considérable, en particulier aux États-Unis. Les temps d’attente grimpaient rapidement, et les attractions se retrouvaient vite saturées par des files interminables, entraînant inévitablement la frustration des visiteurs. Il faut dire que les attractions d’alors avaient une capacité d’accueil plus limitée que ceux conçus aujourd’hui. Résultat : les files s’allongeaient… et ne semblaient jamais se résorber.

Cette situation s’expliquait aussi par une politique d’économie mise en place à ce moment-là. Bien que les deux complexes américains connaissent un grand succès, l’ouverture de Disneyland Paris en 1992 s’avéra difficile sur le plan financier. La Walt Disney Company affichait alors des pertes, ce qui eut des répercussions sur l’ensemble de ses parcs : attractions fonctionnant en sous-capacité, entretien coûteux retardé, et conditions d’accueil loin d’être optimales pour absorber toujours plus de visiteurs.

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Disney devait donc agir rapidement pour fluidifier les files d’attente et mieux gérer les flux quotidiens de milliers de visiteurs. C’est dans ce contexte que, en 1999, naquit le FastPass.

La première attraction équipée de ce système se trouve dans l’un des quatre parcs de Walt Disney World, en Floride : Kilimanjaro Safaris, au Disney’s Animal Kingdom, alors dernier parc du complexe. La même année, le FastPass fait aussi son apparition à Disneyland Paris, sur l’attraction Indiana Jones et le Temple du Péril.

Il s’agit ainsi du premier service de coupe-file jamais proposé, tous parcs confondus dans le monde. Le système sera rapidement étendu à l’ensemble des parcs Disney et déployé sur de nombreuses attractions.

Pour accompagner ce coupe-file, une phrase simple et efficace résume parfaitement le concept : « Get a time, why wait in line? », autrement dit : « Prenez une heure, pourquoi faire la queue ? ».

Sur le logo présenté ci-dessus, on aperçoit Donald en pleine course, probablement prêt à embarquer dans une attraction sans attendre, grâce à son ticket FastPass… au point d’en perdre son chapeau !

L’impact du Fastpass sur les autres parcs.

On le sait tous : Disney a inspiré des parcs partout sur la planète. Cela passe autant par le concept du parc à thème lui-même, popularisé par la firme aux grandes oreilles, que par l’arrivée d’attractions novatrices pour l’époque, que l’on retrouve aujourd’hui un peu partout. Le FastPass fait pleinement partie de ce rayonnement et a contribué à l’influence mondiale de Disney.

Aujourd’hui, les coupes-files sont présents dans la grande majorité des parcs à thème. On peut citer Universal Studios Orlando, principal concurrent de Disney, qui propose depuis de nombreuses années le Universal Express Pass : une option payante, pouvant atteindre plusieurs centaines de dollars par jour et par personne.

En France, le Parc Astérix dispose du Filotomatix, décliné en plusieurs formules à prix variables. L’option la plus simple, le Filotomatix Unité, offre un embarquement prioritaire pour une seule attraction choisie à l’avance, pour 8 à 12 € par personne. À l’autre extrême, le Filotomatix Illimité — comme son nom l’indique — permet un accès sans attente aux principales attractions autant de fois que l’on veut, pour 135 €.

Pour en profiter, il faut utiliser l’application du Parc Astérix afin de réserver son créneau coupe-file. Cette gamme étendue permet ainsi aux visiteurs de choisir en fonction de leur budget.

Les limites sous-estimées du Fastpass

Jusqu’ici, nous avons retracé l’histoire du FastPass et son influence sur les autres parcs à thème. Mais derrière son image de service pratique et innovant, le système Disney cache aussi ses limites.

En effet, son introduction a révélé un effet secondaire sous-estimé : le ralentissement des files d’attente classiques. Les détenteurs de FastPass étant servis en priorité, et les tickets étant distribués largement pour satisfaire un maximum de visiteurs, la file « classique » se retrouve pénalisée.

Résultat : des temps d’attente qui explosent, même lorsque la file ne paraît pas particulièrement longue. Un paradoxe qui, encore aujourd’hui, alimente le débat sur la gestion des flux dans les parcs à thème.

Le FastPass, conçu pour fluidifier les files, crée paradoxalement un effet d’engrenage. Dès le début de la journée, les premiers visiteurs utilisent le système, ce qui ralentit automatiquement la file classique. Face à des temps d’attente déjà élevés, d’autres choisissent eux aussi le FastPass, alimentant un cercle vicieux qui se prolonge tout au long de la journée.

Prenons l’exemple de l’attraction Peter Pan’s Flight. Le temps d’attente y est affiché à 60 minutes, alors que la file classique reste relativement compacte. Composée de quelques serpentins, elle figure parmi les espaces d’attente les plus petits du parc. Pourtant, il faut bien une heure pour la parcourir. La raison ? Le FastPass, dont la priorité ralentit la file normale dans une attraction à la capacité limitée.

Le nombre de tickets FastPass étant limité selon la capacité de l’attraction, de nombreux visiteurs devront se contenter de la file classique, qui avance au compte-gouttes, malgré son importance. Mais cette époque touche à sa fin : le FastPass cède désormais la place au Disney Premier Access, nouvelle formule destinée à optimiser la gestion des flux et à moderniser l’expérience des visiteurs.

La fin d’un service ancré dans l’expérience visiteurs

Vous l’aurez compris, le FastPass faisait gagner du temps, mais créait par son système des problèmes plus profonds de débit pour les files d’attente classiques. Pendant ce temps, d’autres parcs à thème proposaient déjà des systèmes de coupe-file payants, poussant Disney à s’adapter et à repenser son offre. Il est désormais temps de dire au revoir au FastPass et d’accueillir le Disney Premier Access.

Les enseignes FastPass disparaissent progressivement en 2021 dans le parc, comme on peut l’observer à The Twilight Zone Tower of Terror ou à Ratatouille : L’Aventure Totalement Toquée de Rémy, marquant la fin d’une ère et le début d’une nouvelle expérience pour les visiteurs.

Un nouveau service coupe-file, lancé dès le 5 août 2021

Ce tout nouveau système a un fonctionnement complètement différent. Tout d’abord, le service est payant, entre 5 et 13€, par personne, et par attraction. Les prix diffèrent également en fonction de la période.

Attractions à 5€ : Star Tours, Autopia, Phantom Manor

Attractions à 12€ : Ratatouille, Big Thunder Mountain, Buzz Lightyear Laser blast, Peter Pan’s Flight, The Twilight Zone Tower of Terror, Hyperspace Mountain.

Attractions à 13€ : Crush’s Coaster

Autrement dit, une famille de quatre personnes qui souhaite faire Big Thunder Mountain sans attendre, devra payer 4 x 12€ (48€) pour faire cette attraction une seule fois sans attendre. Le prix est particulièrement élevé, et marque un tournant majeur dans l’histoire des coupes-files chez Disney. Le parc pourrait proposer à l’avenir des packages, permettant d’acheter en une seule fois, plusieurs coupe-file sans devoir débourser une somme aussi importante.

Une autre nouveauté, l’achat de ces nouveaux Premier access se fera directement depuis l’application de Disneyland Paris, sur votre mobile. Un dispositif sera mis en place pour les personnes qui n’ont pas de téléphone, et qui souhaite tout de même y bénéficier.

Disney a donc mis fin au FastPass gratuit au profit d’un système payant à l’unité, comme dans de nombreux autres parcs. Cette décision a suscité nostalgie et débats, les visiteurs sans budget devant désormais faire la queue à l’ancienne. Si le choix de Disney n’est pas surprenant au vu des pratiques internationales, certains parcs comme Europa-Park en Allemagne fonctionnent encore sans coupe-file payant, avec des attractions entièrement dédiées à la file principale. Le parc propose toutefois une “Virtual Line” gratuite, accessible à tous pour certaines attractions.

À Disneyland Paris, le nouveau système payant reste utilisé par une minorité, ce qui pourrait fluidifier les files classiques… affaire à suivre.

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